Le reculer
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Le reculer

Chloé Vic, Clio Marshall



Le reculer est généralement considéré comme un exercice de base dans l’éducation d’un cheval. Outre le fait qu’il est utile pour aider un cheval à se rééquilibrer, il sollicite les muscles de la protraction et de la rétraction des membres selon un schéma qui diffère de celui des autres allures. En effet, lors du reculer, les muscles travaillent en « inversion de point fixe » (Denoix, 2014).

Au pas, au trot et au galop, la protraction, c’est à dire le mouvement du membre vers l’avant, s’effectue lorsque celui-ci ne touche pas le sol (phase de soutien). La rétraction (mouvement du membre vers l’arrière) a lieu en phase d’appui, lorsque le membre est au sol et donc chargé du poids du cheval. Quand le cheval recule, ces actions sont inversées :

  • La protraction a lieu en phase d’appui. Les muscles de la protraction « tirent » le corps du cheval vers l’arrière, le membre restant fixe, au sol. Cela leur demande une force accrue et permet donc de travailler leur puissance. On retrouve parmi ces muscles le brachiocéphalique, qui joue un rôle capital dans l’embrassée du terrain et le trousser des antérieurs à l’obstacle, mais également les ilio-psoas, sollicités lors de l’engagement des postérieurs.

  • La rétraction a lieu en phase de soutien. Les muscles de la rétraction mobilisent donc le membre lorsqu’il est en l’air. Cette action leur demande moins de force mais nécessite un plus grand contrôle et une plus grande précision motrice. Les muscles de la propulsion tels que le fessier moyen, le biceps fémoral ou le muscle semi-tendineux sont sollicités lors de cette phase.


Un petit point maintenant sur l’aspect comportemental du reculer, qui est victime de nombreuses idées reçues. Le reculer ne fait pas partie des signaux de communication du cheval. En d’autres termes, les chevaux n’utilisent pas le reculer pour communiquer quoi que ce soit entre eux. De plus, en liberté (en dehors du travail), le reculer est assez inhabituel pour le cheval. Ce dernier lui préfère plutôt les mouvements en avant, en arc de cercle, ou de côté.

C’est un exercice difficile qui demande une bonne coordination des membres, de la proprioception et une grande confiance en la personne qui le demande, puisque le cheval évolue « à l’aveugle ».

Sauf s’il a été travaillé au préalable, le reculer n’est pas une réponse très pertinente à donner à un cheval dit « envahissant » ou « impatient ». En agitant la longe ou le stick, on va

  • envahir son espace, ce qui est très contradictoire avec le message qu’on veut lui faire passer

  • lui faire lever la tête, et reculer avec le dos creux, ce qui va à l’encontre d’un reculer correctement réalisé

  • punir le cheval plutôt que de chercher la cause de son intrusion « dans notre bulle » ou de son « impatience » pour lui apporter une solution.

Dans un tel cas, le reculer est une punition qui ne dit pas son nom. C’est un inconfort ajouté dans l’idée de faire disparaître un comportement indésirable, comportement gênant pour la personne mais nécessaire pour le cheval à cet instant T. En l’utilisant ainsi, on l’associe rapidement à une situation négative, ce qui rendra souvent son utilisation dans le travail plus difficile.


Un reculé mal engagé (Photo Bouillon de Poney)

Jolie reculé de Raya guidé par Chloé


Sources :

Biomécanique et Gymnastique du cheval, Jean-Marie Denoix Language Signs and Calming Signal in Horses, Rachaël Draaisma, 2017 Lucy Rees, The Horses Mind, 1993

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