Nuque le point le plus haut ? On en parle ?
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Nuque le point le plus haut ? On en parle ?

« Une méthode qui ne peut supporter le poids de la critique montre la faiblesse de ses fondations. » Alexandrine



La hauteur de la nuque du cheval impacte-t-elle sa biomécanique ?


Quel est l’impact de la position de la nuque sur le dos du cheval ? Y a-t-il des postures à proscrire ?

Que nous disent les études scientifiques sur le sujet ?

C’est ce que nous allons voir tout au long de cet article !


Alors, installez-vous et prenez un thé ou un café, parce qu’il y a beaucoup de choses que je vais ici vous exposer.


Tout d’abord, faisons un point anatomique sur le rachis du cheval.

Colonne vertébrale du cheval

La colonne vertébrale du cheval est composée de 7 cervicales, 18 vertèbres thoraciques, 6 vertèbres lombaires, 5 vertèbres sacrées, et 15 à 21 vertèbres coccygiennes qui forment le couard ou base de la queue.

L’ensemble de ces vertèbres possèdent une anatomie spécifique à leur rôle dans le fonctionnement du dos du cheval. Nous allons ici nous intéresser essentiellement aux processus épineux ou apophyses épineuses.



Les processus épineux les plus longs se trouvent sur les premières vertèbres thoraciques entre T2 et T12. Les plus grands peuvent atteindre jusqu’à 30 cm sur certains chevaux.

L’orientation de ces processus épineux change entre T13 et T18, on passe ainsi d’une orientation caudale (vers la queue) à une orientation crâniale (vers la tête). Cette zone correspond également à celle sur laquelle reposent la selle et le cavalier !


Selon la posture du cheval, il a été observé que les processus épineux pouvaient entrer en contact en se rapprochant, créant ainsi une inflammation osseuse, des kystes et dans le pire des cas une lyse (dégradation).


Voici les photos d’un dos sain et d’un dos présentant des conflits des processus épineux.

Radiographie du dos d’un cheval sain © I. Burgaud

Radiographie du dos d’un cheval avec conflits de processus épineux © I. Burgaud

Ces conflits des processus épineux entrainent des dorsalgies (douleur du dos) plus ou moins marquées et handicapantes. Certains chevaux peuvent développer des boiteries ou des défenses liées à la douleur. Mais le cheval est un animal de proie, il peut avoir tendance à cacher sa douleur pour ne pas avoir l’air faible et facile à chasser, ainsi certains chevaux n’expriment pas leur souffrance.


Voici le lien vers l’article d’une vétérinaire pour en savoir plus sur le conflit des processus épineux :


On comprend bien ici que cette zone est particulièrement sensible, et qu’un poids trop lourd ou une mauvaise posture du cheval peuvent endommager le dos.

Dans cet article, nous allons nous concentrer uniquement sur la posture.


Petit rappel important : le terme usuel d’extension d’encolure n’est pas juste médicalement parlant, le cheval ayant la tête vers le bas, (proche ou loin de lui) est en flexion d’encolure, tandis que le cheval qui a la tête vers le haut, (proche ou loin de lui) est en extension d’encolure. (Je vous laisse vérifier ce point auprès de votre vétérinaire, ostéo, kiné, etc.)


Il est très important de noter cet abus de langage pour bien comprendre la suite et lire l’étude que je vous partage.


Une étude a été menée par les Drs D.Berner, K.Winter, W.Brehmen et K.Gerlach à l’université de Leipzig en Allemagne. Voici le lien pour télécharger l’étude traduite en français (oui, je vous ai mâché le travail pour être sûr que ce soit encore plus facile, merci Deepl Traduction ! Et tant pis si la traduction n’est pas dans un français parfait).


Étude en anglais :

Equine Veterinary Journal - 2012 - Berner - Influence of head and neck position on radiogr
.
Download • 740KB

Étude en français :


Equine Veterinary Journal - 2012 - Berner - Influence of head and neck position on radiogr
.
Download • 638KB

Les résultats sont sans équivoque, voici ce qui est écrit dans le résumé de l’étude :

Pour faire simple, le cheval avec la tête en haut creuse son dos et peut se blesser.

Quid alors de positionner la nuque au point le plus haut ?


Nuque le point le plus haut ?


Le cheval comme tout être vivant est un système complexe. Le squelette, les muscles, les ligaments, les tendons, les organes, tout fonctionne ensemble avec une plus ou moins bonne harmonie.

Selon l’impulsion du cheval sa conformation, sa capacité à tenir sa sangle thoracique et à la remonter entre les scapula (omoplates), il est possible de remonter sa tête sans léser son dos, à condition de l’avoir préparé et musclé correctement et de lui demander une posture que son corps peut tolérer. Un cheval fait avec le garrot plus bas que la croupe n’aura pas la même posture « haute » idéale que celui avec les deux à la même hauteur ou même avec le garrot plus haut que la croupe.


Ce qu’il faut comprendre, c’est que le plus important, c’est de garder un espace entre les processus épineux et que pour cela, il faut que le cheval vienne, quel que soit l’exercice qu’on lui demande, tendre son dos.

Tendre le dos signifie que le cheval engage ses abdominaux, et les muscles de sa sangle thoracique.

Comme tout le monde le sait, le cheval n’ayant pas de clavicules, son thorax est littéralement suspendu entre ses scapulas (omoplates) par une série de muscles.


Pour muscler le cheval en ce sens, et lui permettre de progresser vers des attitudes plus rassemblées, plus relevées, il est nécessaire de lui proposer des « extension » d’encolure (qui sont en réalité des flexions). Cet exercice doit être pratiqué avec une véritable attention !

Les mots d’ordre sont : impulsion, engagement, et peu de main pour que le cheval s’autonomise et se redresse de lui-même.

Voici un lien vers le post d’une cavalière talentueuse qui le montre en image et l’explique sans doute bien mieux que je ne le ferai :


Cet exercice, comme elle le précise, ne doit pas être pratiqué plus de 10 à 15 minutes par séances sans quoi le cheval s’épuiserait et en perdrait tous les bénéfices.


Voici une image qui permet de comprendre la différence entre l’exercice bien exécuté et mal exécuté.

Dans le premier cas fig2, le cheval se propulse correctement et gaine ses abdominaux, sa cage thoracique (son garrot) remonte entre ses scapulas.

Dans le deuxième cas fig1, le cheval ne se remonte pas, il s’effondre entre ses omoplates, on peut considérer qu’il est sur les épaules, l’exercice ne lui sera pas profitable s’il reste dans cette attitude.


(Pour des raisons évidentes de droit à l’image, je ne peux pas publier les photos des cavaliers qui représentent les attitudes bonnes ou mauvaises que je décris, j’ai donc opté pour la solution suivante : les décalquer sans trop de détails).

Je ne saurais que trop conseiller la lecture de cet article consacré à « l’extension d’encolure » qui explique également en quoi cette dernière mal exécutée peut s’avérer délétère :


En bref, bien exécuté cet exercice permet de progresser vers un travail avec un cheval correctement placé. Mais passer des heures voir des années à mettre son cheval sur les épaules en laissant le cheval s'avachir n’apporte aucun bénéfice ni aucune légèreté !


Et dans ce dernier cas, ou l’exercice s’avère délétère, et que le cheval reste affaissé, il ne sera pas prêt pour un travail placé, ramené ou rassemblé.

En mettant la nuque du cheval en hauteur à ce stade, les muscles abdominaux et thoraciques vont se fatiguer vite et le cheval va s’avachir. On constate alors un cheval qui n’engage plus, s’effondre entre ses scapulas, renverse son encolure et…creuse son dos.

Voici deux illustrations montrant la différence entre un cheval dont la musculature supporte une demande de fort rassemblé Fig4 (ici un piaffer), et un cheval qui n’a pas les moyens physiques pour supporter cette même posture Fig3.


Constatons la ligne de dos et repensons à ce que nous disions plus haut dans l’article. Un dos affaissé engendre de potentielles dorsalgies liées à des conflits des processus épineux, rappelons que ces lésions se trouvent la plupart du temps sous la selle.

Le fait que le cheval ne pèse pas à la main ne signifie pas qu’il est dans une position confortable et légère, en témoigne généralement des mimiques de douleur sur son visage et des mouvements étriqués.

La gorge de pigeon qui se développe alors dans cette attitude révèle que le cheval doit faire un effort considérable pour faire fonctionner ses muscles brachiocéphaliques afin de soulever ses membres antérieurs et de les porter en avant !


Un cheval dans cette attitude n’est ni léger ni heureux, il est simplement contraint dans la douleur à faire quelque chose pour lequel son corps n’a ni les moyens physiques ni l’endurance musculaire requise.


Voici un dernier exemple en image :

D’aucuns diront que les poulains et certains chevaux dans la nature prennent naturellement cette attitude et que cela est la preuve que c’est correct.

Il est alors bon de rappeler que le poulain est un être juvénile dont la croissance n’est pas terminée, et que son attitude générale va se modifier dans le temps, et puis, il ne porte pas de charge.

Quant au cheval adulte qui présente cette attitude dans la nature, non seulement il ne porte pas non plus de cavalier, mais il peut y avoir d’autres raisons qu’une mauvaise équitation pour qu’un cheval se retrouve emprisonné dans cette posture. Il s’agit du réflexe de sursaut dans lequel le cheval peut rester emprisonné.

Je vous laisse lire ça ici :


En général, lorsqu’on rencontre un cheval qui est piégé dans cette attitude délétère pour son corps et son esprit, la première chose à faire et de lui expliquer qu’il peut se détendre et s’apaiser. Et s’il est voué à être monté, alors on lui apprendra à adopter une position correcte et à développer une musculature adaptée pour pouvoir nous porter.

Mais en aucun cas on ne devra se satisfaire ce cette attitude qui le lèse.


Pour conclure.


Quelle que soit votre chapelle, quelle que soit votre obédience, quel que soit votre maître. Il n’est jamais productif, de rester coincé dans une pensée ancestrale qui ne prend pas en compte les avancées scientifiques qui nous éclairent différemment le chemin. L’obscurantisme n’a rien à faire avec l’équitation, du moins pas si on aime les chevaux.

Qu’il s’agisse de Baucher, La Guérinière, d’Aure, L’Hotte ou n’importe lequel, il est important de les remettre dans les contextes et les connaissances de leurs époques. Leur équitation n’en sera pas moins respectable, ni leurs écrits et leurs travaux, et nous pouvons en garder la substance motrice tout en la mettant à jour sans pour autant les trahir.

Mais de grâce, ne leur faisons pas honte à ne pas vouloir évoluer pour les « respecter » soit –disant alors qu’eux-mêmes étaient capables d’admettre s’être parfois trompés !

Si ces maîtres avaient eu les connaissances d’aujourd’hui, ils les auraient sans aucun doute utilisées.

Si ces maîtres avaient eu les chevaux d’aujourd’hui, sans doute auraient-ils monté encore d’une autre façon. La seule chose dont je sois sûre c’est que contre vents et marées, ils auraient tenté de faire progresser l’équitation.

Alors, progressons comme eux, ou plutôt comme nous, être une copie n’étant jamais qu’être une pâle copie.


Alexandrine

Cheval Ta Race




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